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COVID-19 : Le quotidien délicat des agents pénitentiaires

Les voix s'élèvent ces derniers jours face au manque de protection médicale des travailleurs. Si les personnels médicaux sont évidemment en première ligne, d'autres professions subissent cette pénurie. C'est notamment le cas des agents pénitentiaires, contraints d'oeuvrer avec les moyens du bord. Thierry Cordelette, secrétaire régional de l'UFAP, revient en détails, sur leur situation préoccupante.

Premier point inquiétant, la date de distribution des masques par l’administration pénitentiaire : samedi 28 mars, soit 2 semaines après l’annonce de confinement. 2 semaines durant lesquelles les personnels pénitentiaires se sont présentés et ont travaillé sans aucune protection. De plus, ces masques sont de simples masques chirurgicaux, et non des masques homologués contre le COVID-19. Pour couronner le tout, chaque agent n’a le droit qu’à deux masques par faction de douze heures, soit un tous les six heures, pour des masques normalement efficaces trois heures selon l’OMS.

Des mesures tardives non sans conséquences. Un agent pénitencier est décédé des suites de la maladie à Orléans. Un de ses collègues de la maison d’arrêt de Dijon est actuellement placé en coma artificiel. Un bilan qui pourrait encore s’alourdir selon Mr. Cordelette : « on a plusieurs cas de personnels qui sont en suspicion. On sait pertinemment qu’ils sont atteints du virus mais étant donné l’absence de dépistage, ils sont en suspicion Â».

L’attente des masques aurait même pu s’allonger si l’État n’avait pas craint, par la voix des organisations syndicales, le soulèvement des agents pénitenciers. Craignant également un mouvement de panique dans les prisons, l’État avait dans un premier temps refusé la distribution des masques. Pire, des mesures de sanction envers les personnels s’achetant leurs propres masques étaient d’actualité, tout comme pour les organisations syndicales souhaitant livrer des masques dans les prisons. Des règles qu’ont décidé d’ignorer Thierry Cordelette et l’USAP : « Nous avons délibérément violer cette interdiction. Nous allons continuer d’équiper les personnels puisque l’administration et le Ministère de la Justice ne sont pas capables de le faire.

Une situation pour l’instant contenue, mais fragile, pour le secrétaire régional de l’UFAP, qui compte davantage sur la capacité d’adaptabilité des personnels que sur les actions potentielles à venir des grandes instances : « On ne va pas faire de pari sur demain, on est dans une situation contenue grâce aux agents qui savent comment gérer la population carcérale. Heureusement qu’on n’attend pas que les technocrates parisiens nous expliquent comment faire face à la situation Â».