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Entretien avec la députée européenne de la France Insoumise, Anne-Sophie Pelletier

Vous êtes montée au créneau ces derniers jours face à la situation alarmante dans les EHPAD. Pouvez-vous nous en parler en détails ?

Si on continue comme ça, ç’est l’hécatombe. Les soignants n’ont pas de protection personnelle.  Dans certains établissements c’est pire, on a des masques mais les soignants n’y ont pas le droit car ils ne présentent pas de symptômes. Pourtant on sait pertinemment que tout le monde peut être porteur asymptomatique du virus. Dans certains EHPAD, les visites ont été arrêtées seulement le 16 mars, alors que le plan bleu était en vigueur depuis 10 jours. C’est à mon sens un risque inconsidéré qui a été pris pour les résidents, leurs familles, et pour les soignants.

Malgré la crise sanitaire inédite de Covid-19, la situation alarmante dans les EHPAD n’est malheureusement pas nouvelle. Comment expliquez-vous que rien n’ait changé, alors que cela fait plusieurs années que les soignants tirent la sonnette d’alarme ?

Parce que les profits ont primé sur l’humain. On a cassé les hôpitaux et EHPAD publics pour gagner en rentabilité. L’erreur majeure du gouvernement a été de ne pas écouter les soignants. Aujourd’hui ce sont eux qui sont au front en risquant la contamination. Certaines personnes âgées, qui ne vont même pas être comptabilisées dans les décès dû au Coronavirus, ne devraient même pas se retrouver à l’hôpital.

Vous avez créé une adresse mail (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) où les soignants pourront témoigner. Pouvez-vous nous dire pourquoi avoir créé cette adresse et quel en est le but ?

J’ai créé cette adresse mail pour avoir une réelle vision de ce qui va se passer et pour donner la parole aux aides à domicile, aux auxiliaires de vie. Ce sont souvent des femmes mais ce sont surtout des combattantes sans armes. Passons d’abord cette crise, mais ensuite certains vont devoir rendre des comptes. Et les témoignages, qui pourront rester anonymes, nous permettront d’aller voir les gens qui nous gouvernent et leur demander des réponses, sur le nombre de morts, que ce soit parmi les personnes âgées ou parmi les soignants, mais aussi sur pourquoi et comment la situation a réussi à devenir encore plus calamiteuse qu’auparavant.