Choix du secteur :
Se connecter :

Crash du Mirage 2000D dans le Jura : un manque d’entrainement pourrait être la cause de l’accident

Dans trois semaines, cela fera un an que le Mirage 2000D, avec son pilote et une navigatrice à son bord, s’est écrasé aux abords de Mignovillard dans le Jura. Aux commandes le 9 janvier 2019, Baptiste Chirié, 30 ans, aux côtés de la lieutenante Audrey Michelon, 29 ans. Ils perdront tous deux la vie lors du crash, survenu en milieu de matinée. L’avion de chasse était en provenance de la base aérienne Nancy Ochey pour une mission d’entraînement à l’assaut en vol aux instruments. Il aura fallu plusieurs mois pour récolter tous les débris, la neige étant tombées peu de temps après l’évènement. D’après le rapport du BEA, ils étaient éparpillés dans une zone d’un kilomètre de long sur 300 mètres de large.

 

Manque d’entraînement et désorientation de l’équipage

Il s’agissait d’un vol de reprise pour les victimes, toutes deux revenues de congés quelques jours auparavant. Le pilote était qualifié pour ce type de mission depuis septembre 2018 et accumulait 807 heures de vol au total, dont 328 heures sur ce type d’avion, le dernier datant de la veille. Quant à Audrey Michelon, son précédent vol à bord d’un Mirage 2000D datait de novembre 2018. Elle comptait 1267 heures de vol au total.

Aucun enregistrement de l’avion n’a pu être exploité suite à la destruction d'une grande partie du matériel d'enregistrement, alors « les actions de l’équipage et le comportement de l’avion ont dû être déduits par d’autres voies et ne sont pas connus avec précision Â». Au sol, les radars présents ont pu aider en la déduction de la trajectoire de l’avion avant le crash. Suivant un premier Mirage 2000D, l’avion accidenté volait à seulement 90 mètres d’altitude au moment d’un dégagement, soit une forte prise de hauteur. Au moment de redescendre pour retrouver l’altitude de sécurité, l’avion à continuer en piqué jusqu’au sol. Moins de 170 millisecondes avant la collision, une tentative d’éjection est effectuée, en vain.

Dans les hypothèses avancées concernant les causes de l’accident, une possible panne technique ou déficience du moteur ont été écartées, le Mirage 2000D ayant reçu un « entretien conforme au plan de maintenance approuvé Â». Le rapport du BEA pointe plutôt un manque d’entrainement qui aurait conduit à une « désorientation spatiale non reconnue de l’équipage Â», amplifié par les conditions météorologiques défavorables pendant le vol. Des entrainements qui, d’après le BEA, sont « devenus, au fil des années, de plus en plus denses Â». « Ce manque d’entraînement a conduit à une recherche d’optimisation à chaque vol. Le SDT [Système de drones tactiques, ndrl] n’est de facto aujourd’hui plus perçu comme le but de l’entraînement mais comme le simple prélude à un mode d’action opérationnel, qui requiert donc moins l’attention » poursuit le rapport.

Le BEA précise tout de même que, « compte tenu de la destruction des enregistreurs de vol et de l’absence d’éléments probants issus des expertises, d’autres scénarios ne peuvent être exclus Â».