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Tabac plus cher en France qu'en Suisse : quel avenir pour les buralistes de la région ?

Difficile d’être passé à côté : une hausse de 50 centimes est intervenue sur le prix du paquet de tabac en France début novembre. Celle-ci porte le paquet de Marlboro a 9.30€, devenant plus cher qu’en Suisse où il est à 7,70€ actuellement. Un fait qui pourrait pousser certains fumeurs à délaisser les bureaux de tabac français, surtout dans une région frontalière comme la nôtre. « Bien sûr qu’il y a de la clientèle qui part en Suisse, en particulier pour le tabac à rouler et à tuber qui est nettement moins cher que chez nous » explique Jean-Luc Leitao, gérant de La Civette à Morez. En effet, ce type de tabac serait presque moitié prix de l’autre côté de la frontière. « On en vendait nettement plus il y a trois ou quatre ans en arrière Â» renchérit le buraliste.

En ce qui concerne les paquets de cigarettes, l’écart n’est pas assez creusé pour être inquiet, s’élevant à 80 centimes de différence. « Pour l’instant on reste compétitif mais on verra avec les deux augmentations à suivre ». Ces dernières auront lieu en mars et en novembre 2020, avec pour ambition d’atteindre l’objectif du paquet à 10€.

 

« On a une épée de Damoclès au-dessus de la tête Â»

« Depuis que j’ai repris mon commerce il y a six ans, les prix n’ont pas cessé d’augmenter Â» témoigne Jean-Luc. Un fait qui pousse la clientèle à partir en Suisse ou acheter du tabac de contrebande. Afin d’être mieux rémunéré, les commissions augmentent. « Il y a beaucoup de travail qui est fait par la Confédération des buralistes Â». Revue à la hausse en 2019, elle est de 7,80 % actuellement.

Mais Jean-Luc Leitao essaye de rebondir par anticipation, même s’il rappelle que le tabac représente 60% de son chiffre d’affaires. Tout d'abord, grâce à la cigarette électronique, Â« un bon marché qui ne cesse d’augmenter Â». L’autre clé pour pallier à la future chute de vente de tabac, « quasiment inévitable Â» selon lui ? La diversification. Depuis de nombreuses années, les buralistes peuvent fournir timbres fiscaux, postaux ou amendes. D’un autre côté, la Française des Jeux serait « en pleine santé Â» d’après Jean-Luc, représentant une bonne rentrée d’argent grâce aux grattages et tirages. L’année prochaine, les buralistes pourront même accepter les paiements des frais de cantines et de scolarité, ainsi que ceux des taxes d’habitation, à condition que celles-ci ne dépassent pas 300€.

Malgré une certaine anticipation des futures augmentations, le buraliste fait face à un avenir incertain concernant le tabac. « On a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. J’espère qu’on va nous aider. On reste des commerces de proximité Â». On dénombrait moins de 150 bureaux de tabacs dans le Jura en mars dernier, faisant partie des départements en comprenant le moins.

Chez nos voisins Suisses, aucun des buralistes contactés n’a souhaité répondre à nos questions.

 

 

LE MOIS SANS TABAC

Nous sommes bientôt à la fin du mois sans tabac, se renouvelant chaque année en novembre depuis 2015. Au total, 200 848 personnes se sont engagées d’après le site officiel de l’évènement. Le dispositif s’appuie sur le fait que trente jours sans fumer multiplieraient par cinq les chances d’arrêter définitivement.

Un mois qui pourtant n’engendre pas vraiment de baisse significative concernant les ventes de tabac, que ce soit cette année ou les précédentes, d’après Jean-Luc Leitao. Les buralistes se prêtent même au jeu en proposant « le mois de la vape Â», promotionnant la cigarette électronique qui peut être perçue comme un moyen transitoire à l’arrêt.