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Patrick Pelloux à Lons-le-Saunier : "Nous refusons les 750 millions d'euros d'Agnes Buzyn"

Après le report de sa venue, Patrick Pelloux a bel et bien tenu une conférence à l'hôpital de Lons-le-Saunier ce lundi 4 novembre. Eric Loupiac, délégué jurassien de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), nous fait le bilan des sujets abordés.

 

Des urgences sous pression

Dans un premier temps, les problèmes liés à l’exercice du droit de grève ont été mis sur la table. Patrick Pelloux aurait alors dénoncé des "pressions" subies par le personnel en montrant du doigts "des infirmières rétrogradées qui n’ont plus le droit de travailler en SMUR sous prétexte qu’elles sont en grève Â», rapporte Eric Loupiac. Toujours d'après lui, la direction reprocherait aux soignants urgentistes "de porter des marques de grèves car cela ne correspondrait pas aux tenues réglementaires"

 

Des coûts supplémentaires

Patrick Pelloux aurait également également exprimé le souhait d'un retour du SMUR 2, supprimé pour l'instant la nuit comme nous le précisait Yves Duffait lors de l'annonce de son départ. Pour appuyer ses propos, le président de l'AMUF aurait relevé le coût "exorbitant" du déploiement d'un hélicoptère ainsi que la dangerosité d'un tel moyen.

Dans les procédés coûteux que pourrait encore s'infliger l'hôpital, Eric Loupiac rajoute l'embauche de médecins par intérim. "Rien que pour un médecin, sans mentionner les frais gravitant autour, on parle de 1500 voire 2000€ la journée. Et dans un hôpital comme celui de Lons-le-Saunier où la situation est mauvaise, on s'approche plutôt des 2000€". Le délégué l'affirme : "il est dans l'intérêt de l'hôpital de titulariser de nouveaux médecins". La direction, contactée il y a quelques semaines, nous avait confirmé le recrutement en cours de nouveaux urgentistes.

Ces coûts, hors de question pour l'AMUF de les rembourser avec les 750 millions d'euros promis à la rentrée par la Ministre de la santé Agnès Buzyn. "Nous avons annoncé refuser les 750 millions d'euros de Madame Buzyn, relate Eric Loupiac. Nous trouvons anormal de les prendre car nous allons les prendre ailleurs, dans d'autres services comme la gériatrie. Nous ne sommes pas les seuls qui souffrons".

 

Manque de personnel et de lits : un sujet récurrent

De nouveaux urgentistes à l'horizon d'après la direction, qui viendrait combler le manque du service d'urgence. L'année dernière à la même période, il compait trois médecins diplômés en tant qu'urgentistes et deux internes. À l'heure actuelle, l'un d'eux n'est pas spécialisé. La nuit, on ne compte plus que deux médecins et un interne. 

Un nouveau personnel qui serait donc le bienvenu, composé d'urgentistes chargés de la gestion des lits selon nos informations. Une décision qui amuse le délégué de l'AMUF. "Je ne pense pas que cela serve à quelque chose. Ce matin, 12 patients ont passé la nuit dans le couloir des urgences. Certains d'entre eux étaient là depuis deux jours ». Des lits souvent placés dans des endroits inadéquats, comme des salles de bains ou bureaux, parfois sans paravents selon les dires de l'urgentiste.

Patrick Pelloux l'a confirmé lors de sa venue : l'AMUF continuera a faire grève et appelle à la mobilisation le 14 novembre prochain. Pour l'heure, elle est dans l'attente d'une réaction de l'administration. En effet, le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'hôpital a été saisi dernièrement pour Danger Grave et Imminent. Elle a alors rendu son bilan et soumis une listes de treize propositions afin d'améliorer la situation.