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Santé : La lutte contre le renoncement aux soins avance dans le Jura

La Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) du Jura s’est lancée dans la lutte contre le renoncement aux soins depuis octobre 2018. En coopération avec les acteurs de l’Assurance Malade, les institutions et associations, elle vise à repérer les personnes renonçant aux soins. Le dispositif est prometteur : en onze mois, 159 assurés jurassiens ont profité de cet accompagnement. Parmi eux, 26 ont vu leurs droits ouverts, le même nombre a reçu une aide financière et 36 ont été orientés dans leurs parcours de soins. C’est en tout un dossier sur deux qui débouche sur une réalisation des soins.

Céline Bauer, sous-directrice de la CPAM du Jura mais également responsable du projet, peut justifier ces renoncements : « La raison première est financière, pour des questions de restes à charge élevés qui ne sont pas couverts par les prises en charge de la Sécurité Sociale et des complémentaires santé ». Et si le problème financier peut paraître important dans l’accès aux soins, d’autres raisons sont mises sur la table. « Des problèmes de délais pour obtenir des RDV ou des questions de mobilité pour accéder à un spécialiste Â» par exemple, ou encore « une méconnaissance des démarches à effectuer Â» peuvent expliquer le refus des assurés à entamer un parcours de soins.

 

Un accompagnement personnalisé

Dans un premier temps, la personne est contactée rapidement. « Au cours des premiers échanges, il y a l’identification de la situation pour essayer de comprendre où est la problématique ». Un premier bilan est alors effectué pour vérifier si la personne profite de toutes les aides dont elle dispose (comme la CMU ou une complémentaire) ou si « elle a bien déclaré un médecin traitant pour bénéficier d’un remboursement à plein Â». Puis les agents orientent les patients dans leurs parcours de soins, trouvent les spécialistes sur le territoire. Ils sont au nombre de deux dans la cellule du département. Ces derniers peuvent aller jusqu’à prendre des rendez-vous pour les assurés, même si « l’objectif de ce programme est de rendre les personnes autonomes Â». Vient ensuite, s’il y a besoin, le soutien financier avec les aides sanitaires et sociales de l’Assurance Maladie ou d’autres aides sociales possibles. L'accompagnement dure en moyenne un mois, pendant lequel l'assuré garde le même conseiller.

Avant d’accompagner les personnes dans cette situation, il faut d’abord les détecter et ce par différents moyens. Tout d’abord, à l’intérieur de l’organisme de l’Assurance maladie grâce aux agents d’accueil « qui ont été spécifiquement formés pour ça et qui rencontrent du public tous les jours ainsi que nos téléconseillers qui peuvent déceler ces situations Â» argumente Céline Bauer, avant d’énumérer : « les partenaires institutionnels, le service social de l’Assurance maladie. Tous les acteurs qui interviennent dans le domaine de la précarité, dans le social et le médico-social. On a noué des partenariats avec la CCAS, la CAF, les centres hospitaliers et le conseil départemental. Les professionnels de santé peuvent aussi détecter des fragilités au cours de leurs consultations. Â».  D'après les derniers chiffres, la majorité des détections sont effectuées par les services de l'Assurance Maladie, dont le Centre d'Examens de Santé (DES) à Dole à 54.72% ainsi que le service social de la CARSAT à 19.5%.

 

Des renoncements en chiffres

Avant la mise en place du dispositif dans toutes les CPAM du département, 1059 questionnaires ont été étudiés par l’Odenore (l’Observatoire des non-recours aux droits et services). Les réponses montrent que 28.2% des assurés jurassiens renoncent à des soins. Même si ce nombre reste proche de la moyenne nationale (28%), ce constat n’est pas à prendre à la légère. Dans ces renonçants, 69% sont des femmes, 49% des personnes isolées et 44% sont sans activité. Ce sont ainsi 36% des assurés qui déclarent ne pas pouvoir se soigner quand ils en ont besoin. Pour le Jura, ce sont principalement les soins bucco-dentaires à 64%, ophtalmologiques à 46% et les consultations généralistes à 12% qui sont laissés de côté.Et même si une majorité des renonçants sont des femmes, Céline Bauer ne pense pas qu’il y ait de véritables différences entre les sexes. « Des femmes ont peut-être répondu de façon plus importante à nos questionnaires. Nous n’avons pas considéré qu’il y avait un lien particulier par rapport au sexe de la personne Â».

 

« C’est en partant de ce constat que la réforme du « 100% santé Â», qui est en train de se mettre en place depuis le début d’année et s’échelonnera jusqu’à fin 2021, permettra à terme une prise en charge complète sur des paniers de soins déterminés, dont ces trois types de prestations : le dentaire, l’optique et l’audio. Â» souligne Céline Bauer. Le dispositif sera accessible à tous les assurés sur l’ensemble du territoire. Cette réforme faisait partie des propositions phares du programme d'Emmanuel Macron en 2017 lors des élections présidentielles.