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Faut-il craindre la montée des partis anti-frontaliers ?

Les travailleurs frontaliers sont-ils en train de devenir persona non grata ? La question peut logiquement se poser après le résultat enregistré à Genève par le Mouvement Citoyen Genevois lors des élections cantonales. Le MCG a gagné trois sièges par rapport au précédent scrutin et peut se vanter, avec 20 députés au parlement, d’être désormais la deuxième force politique du canton, derrière la droite traditionnelle mais devant la gauche.

« Avec tout ce que l’on entend, on a toujours l’impression d’être montré du doigt Â», relève Gwladys. Cette mère de famille, la trentaine, habite dans le Haut-Doubs et travaille comme comptable dans une entreprise non loin de Chavornay. « Mais, en réalité, je ne ressens pas trop d’attaque contre le fait que je sois frontalière Â», avoue-t-elle. Un sentiment semble-t-il partagé par la majorité des travailleurs qui franchissent très tôt chaque matin la douane de Vallorbe. Ils ont visiblement appris à être désignés comme « boucs émissaires Â» par les partis populistes.

Dans le canton de Vaud, il existe aussi un parti anti-frontalier : le MCVD. Ce dernier rappelle qu’entre 2002 et 2012, le nombre de frontaliers travaillant dans le canton de Vaud a doublé passant de 11.000 à 22.000, la majorité provenant du département du Doubs.

Comme son grand frère genevois, le MCVD se réclame ni de gauche, ni de droite et prétend défendre les citoyens d’abord. Face à cet esprit anti-frontalier grandissant, les élus de France voisine tout comme les associations de défense des travailleurs frontaliers ne cachent pas leurs inquiétudes. Du côté des employeurs, on semble plus perplexe. Un artisan de Vallorbe, ayant pignon sur rue et employant uniquement deux salariés frontaliers ne cache pas son agacement face à la montée des extrêmes. Dans son commerce, il ne reçoit aucun CV de Suisses. « Je n’ai que des candidatures françaises Â», dit-il. Et de conclure, « ceux qui pensent qu’en renvoyant les frontaliers chez eux, il n’y aura plus de chômage en Suisse, n’ont pas dû aller à l’école Â».