Choix du secteur :
Se connecter :

La capitale du Haut-Doubs coupée du monde.

Dans le monde des télécommunications, on appellerait cela un jeudi noir. Jeudi dernier, Pontarlier a connu pendant plusieurs heures un black-out quasi-total de tous ses moyens de communication. Décryptage d’une catastrophe annoncée.

 La scène peut prêter à rire, au bureau, des salariés se détendent autour d’un café pendant des heures sous la bénédiction de leur manager. Ailleurs, on se gratte la tête pour trouver une occupation coûte que coûte. Plus loin, des passants font des pas dans la rue pour trouver un moyen de joindre un proche, ou simplement tenter de retirer de l’argent au distributeur.

Jeudi dernier n’était ni un jour chômé ni un jour férié à Pontarlier. Pourtant, toute la ville s’est retrouvée privée de communication pendant plusieurs heures, mettant à l’arrêt l’économie de la capitale du Haut-Doubs, et suscité l’incompréhension.

Tous les moyens de communication à l’amende

« Entre 10 heures et 15 heures, les heureux possesseurs de téléphones mobiles Bouygues Télécom et SFR se sont fait des amis Â» confie un responsable d’entreprise. Pendant ce temps tous les autres principaux fournisseurs ( Free et Orange ) de téléphonie mobile ne fournissaient aucun signal. Du côté des téléphones fixes et de l’internet fixe de 13 000 abonnés particuliers et professionnels de la région, ce n’est plus une question de fournisseurs : Plus rien ne marche. La ville est alors coupée du monde pendant plusieurs heures, aucune communication possible, plus de téléphone, plus de mails. Chez les professionnels « les systèmes de paiement ne fonctionnent plus, et impossible de demander à nos clients d’aller retirer de l’argent en espèces, les distributeurs n’acceptent aucun retrait Â» se désole un commerçant de la grande rue.

Que s’est-il réellement passé ?

Le défaut d’alimentation électrique dans le bâtiment Orange de Pontarlier que nous vous avions annoncé dans les minutes qui ont suivi la coupure est bien à l’origine du problème. Ce NRA (nÅ“ud de raccordement des abonnés), situé non loin de la gare, s’est retrouvé plongé dans le noir alors que la rue était bien alimentée en électricité. Du côté d’Orange, si on confirme la cause de la panne, on refuse toute interview sur le sujet. Le bâtiment d’Orange est en réalité bien plus stratégique qu’il n’y paraît. Il alimente toutes les lignes résidentielles et professionnelles de la région. Il commande toute la signalisation des relais de téléphonie d’Orange, qui distribue une partie de son signal aux abonnés de Free. Pour ce dernier, il pilote même 27 villes et villages aux alentours. « Une chose est sûre, c’est que l’on voit bien la dépendance que nous avons vis-à-vis de ces moyens de communication, et de par son statut, ce central téléphonique doit désormais être sous surveillance permanente et doit disposer d’un système de secours en matière d’énergie » commente un professionnel des télécommunications. Avant d’ajouter qu’Orange a une obligation de moyens, d’analyse, et d’anticipation des risques.

 Manque de moyens chez Orange ?

C’est chez les professionnels que nous avons trouvé la réponse. Alors qu’Orange équipe en grande majorité les entreprises de la région, ces derniers ont vu en quelques années la situation se dégrader. Ecrasement de lignes, délais de rétablissement non tenus, même ceux qui ont des contrats dit en GTR (Garantie du Temps de Rétablissement) ne trouvent personne pour réparer. Exemple dans une entreprise de service installée dans le Haut-Doubs «  Nous avons un contrat chez Orange Business Services qui nous coûte 200 euros par mois (NDLR : 5 fois plus qu’un contrat classique), avec une garantie de reprise de l’internet en 4 heures, les délais ne sont jamais respectés, nous ne pouvons rien faire, les conditions générales de vente de l’opérateur ne laissent aucun moyen de se retourner Â» s’inquiète ce responsable technique. Dans ce cas précis, on pointe réellement un manque de techniciens pour organiser et envoyer les équipes sur le terrain. La situation est un peu meilleure pour les offres Orange ADSL Pro, qui bénéficient d’un déploiement technique de grande ampleur (destinée majoritairement aux particuliers) et pilotés par des professionnels qui ont su déployer des outils de supervision et d’organisation rapides.

Et du coté des particuliers ?

Contrairement aux entreprises, le particulier ne dispose que d’une ligne, tout transite par sa box, la télévision, l’internet et son téléphone fixe. En cas de problème, comptez plusieurs jours à plus d’un mois pour le solutionner « Bonjour l’ambiance dans les familles Â» s’en amuse une mère de famille pontissalienne qui avoue que sortir les jeux de société ne tiendra qu’un temps avec les ados. « Mais côté particuliers, Orange est loin d’être le plus mauvais élève des fournisseurs d’accès à internet Â» observe un particulier qui en a connu plusieurs.

Que faire ?

Tous ceux qui s’estiment lésés doivent au préalable saisir leur opérateur. En cas de non-réponse ou de réponse insatisfaisante, ils peuvent alors saisir l’ARCEP (l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes). Les opérateurs ont une obligation de résultat et Orange est concernée par ces obligations. « La situation du NRA Orange de Pontarlier doit être analysée, les accès en énergie secourus, et la téléphonie mobile doit être désolidarisée de l’accès fixe pour partager les risques et fournir au moins un moyen de communication à la population Â» ajoute un expert. Le dossier reste ouvert.